vendredi 14 mars 2014

lettre au tapis magique

Mon tapis magique chéri 
Tu es peiné, tu me dis que je te délaisse.

Je pourrais te répondre les leçons que tu m'as apprises : que ce temps-là n'est pas en minutes linéaires, qu'il ne se mesure pas, puisqu'il peut aussi s'étendre à la démesure, ou que les motifs ont davantage d'importance malgré et grâce à leur imperfection, ou encore que ces moments de vol plané sont soumis à une météo bien plus compliquée encore que la danse (magnifique pourtant) des orages, du soleil, de la pluie et du vent, surtout... Je pourrais te dire d'un air narquois comme toi si souvent autrefois, tu sais le temps fait bien ce qu'il veut, profites-en pour apprendre la patience un peu. Ou alors je te dirais, mais les paysages que nous avons vus ensemble, ils sont encore avec moi, les moments aussi regarde les voilà, comme un motif qui dessine toujours en moi un sourire.
Oui je te répondrais cela sans te mentir et pourtant tu n'entendrais rien. Ça n'a jamais été les mots que tu écoutes. Tu lèves le nez au ciel, tu entends le vent, tu regardes le coeur, tu dis qu'il ne ment jamais.

C'est vrai, mon tapis magique chéri, je t'ai délaissé. C'est si duuur d'avoir les pieds sur terre et de jouer à chat soleil avec les nuages. Pourtant c'est sur terre que mes pieds doivent être pour que les choses marchent pour moi. Et en ce moment il faut que je coure ! Tu me dis mais pourquoi tu te fatigues à courir, grimpe donc et je te fais tous les raccourcis que tu veux, allez viens on va où tu veux tant que tu as vraiment envie d'y aller, si c'est l'envie le gouvernail on sera sûrs de ne pas se perdre !
Puisque je ne peux pas te mentir, alors je dois te le dire : toi aussi tu me manques affreusement. Même si je t'ai trop attendu et que la patience pour te voir je ne l'ai jamais apprise. Au mieux, j'ai fini par comprendre que le calme était nécessaire pour que tu apparusses enfin et que tu es complètement sourd au caprice.

Je dois aussi te dire que nous nous reverrons. Bientôt, pas bientôt, tu sais le temps fait ce qu'il veut, et la vérité c'est que j'en sais rien, et pire encore, ça n'est même pas grave. Mais je le sens dans mon coeur, et c'est une surprise, ca sera une surprise aussi, mais le coeur ne ment pas, et le vent me l'a soufflé. L'attente est un fil tendu entre deux moments, tant que le fil est la, le moment viendra... Un fil tendu c'est un sourire entre deux instants comme parfois un fil de communication entre deux poteaux télégraphiques. Alors sois patient toi aussi. Moi je guette un bout de frange, de jais, devenue d'argent peut-être, peut-être un air narquois, que sais-je, ça aussi ca change vite...

Mon tapis magique chéri, tu vois, il fallait pas etre fâché. Et puis, en vrai, moi aussi je suis un peu triste. Mais je sens que tu le sens. Et c'est l'essentiel, alors... lève le nez au ciel, écoute bien le vent...

A bientôt
Skyhobbes